monatgne de Teahupo'o

Premiers pas du Mana autour des 5 piliers

Le Mana, expérience à part entière de l’énergie universelle, est un concept, un chemin, un voyage initiatique. Autour de cinq piliers fondamentaux, le Mana devient plus accessible et facile à intégrer dans son quotidien. 

Ces cinq piliers forment une approche de vie complète et équilibrée. Le Fenua, la nature relie à la terre ; le Tino, le corps initie à la matière ; le tāmā'a, la nourriture alimente l’énergie ; le Upo’o, l’esprit élève la connaissance ; et le Tahu’a, l’expertise développe le potentiel et le talent.

Peut-on décliner le Mana en cinq piliers ? Les guérisseurs répondraient que le Mana et l’enseignement sacré se transmet par « étapes d’apprentissage. » Les guides spirituels favoriseraient le chemin à un « protocole défini » et les plus récalcitrants crieraient à l’hérésie… 

Décliner le Mana en cinq piliers est une démarche qui vise à proposer des clés simples. Ces cinq points de départs sont des pistes à explorer comme autant de voyages initiatiques et chamaniques. Ils visent à aider et accompagner celles et ceux qui rencontrent des difficultés à aborder des concepts ou une expérience aussi profonde que celle du Mana. 

Cascade de tahiti

Les cinq piliers forment une démarche à la fois de développement personnel et une approche spirituelle déclinée autour d’outils concrets et pragmatiques :

  1. Fenua : la nature et son foyer, cela signifie entretenir des liens avec l’extérieur et son monde intérieur pour mieux se respecter et respecter.
  2. Tino : le corps ou comment entretenir une relation harmonieuse avec son corps, renforcer son énergie et la connexion à ses sensations.
  3. Tāmā'a : la nourriture permet d’alimenter son souffle sacré et enrichir notre conscience pour mieux vivre le présent.
  4. Upo’o : l’esprit en tahitien pour ouvrir son esprit, acquérir des connaissances et développer la conscience de soi.
  5. Tahu’a : l’expert qui fait accéder à la connexion spirituelle et qui relie à la part supérieure de notre être, à notre énergie divine.
homme se tenant devant un arbre

Fenua : se connecter à la nature

En Polynésie, le Fenua est un terme très fort et significatif au quotidien. Le Fenua désigne toute l’appartenance au monde terrestre et à une terre. Le Fenua, ce sont les racines que porte un individu. Le Fenua, c’est l’appartenance à une tribu, une famille, un marae (temple). Le Fenua, c’est la terre qui forge l’ancrage à la terre. L’ancrage, cela signifie être sur terre, rester sur terre, s’incarner sur terre. 

Le Fenua symbolise le mana que nous donne la Terre-Mère, la terre nourricière, la terre qui nous accueille le temps de notre vie. Être Fenua, c’est se rappeler constamment que nous sommes en vie pour apprendre, comprendre et incarner un corps. Être Fenua, c’est accepter le rythme de la terre, sa matérialité et ses interactions avec le ciel et l’univers. Être Fenua, c’est être humain.

image d'une randonnée à Rurutu

Balades, cascades, sources, randonnées, escalades… Tout à Tahiti invite à la connexion avec la nature. Quelle que soit votre forme physique, vous pouvez trouver un lieu pour cheminer au creux de la végétation luxuriante, le Fenua vous attend. Selon la tradition, le Fenua signifie la Terre. Ce mot recèle un Mana puissant pour les Polynésiens.

 Le Fenua, c’est le foyer, le refuge, les racines de la terre, l’amour profond pour son île et son environnement. C’est encore la famille, les liens, le présent et les moments ensemble qui forment les émotions positives de retrouvailles et de l’identité polynésienne. En découvrant le Fenua, le royaume de la nature, le Mana vous invite à faire le silence en vous, écouter les bruits de la nature et parcourir le chemin… Une fable symbolique pour partir à la découverte de soi. Laissez-vous transporter dans une aventure organisée par un guide ou par un ami averti.

A Tahiti, de nombreuses randonnées s’offrent au visiteur. En prêtant attention, vous verrez de nombreux marcheurs pieds nus. Pas de craintes à avoir, aucun scorpion, serpent ou mygale dans les fourrés tropicaux polynésiens. Un seul ennemi peut vous causer problème, le cent-pieds qui pique plus fréquemment après la pluie. Faites attention aux pierres et aux morceaux de bois épineux qui peuvent s’avérer douloureux… 

Néanmoins, ouvrir la connexion sacrée avec la Terre, c’est retrouver le contact avec la Terre, le sol, la boue, les pierres. Marchez en silence. Laissez la terre vous ancrer c’est-à-dire, vous relier à sa force. Vous pouvez également vous asseoir ou vous allonger sur la terre et ressentir sa force. Ecoutez autour de vous. Ecoutez l’arbre, la pierre, la cascade… Tous vous parlent, tous nourrissent votre esprit.

Tino : Aligner les corps

Tino est un mot usuel dans son essence et sublimé par le Mana. Le corps maori est un temple à bien des égards. Dès la naissance, le « Pu fenua », le placenta qui relie « mère et enfant » s’incarne dans la terre, enterré par les parents pour relier l’âme du nourrisson aux racines de la terre. Au fil de l’enfance, le corps est massé, baigné, parfumé dans des rā'au tahiti qui soignent et guérissent. Le corps devient rapidement l’objet des arts maoris. 

garçons qui font de la pirogue

L’enfant apprend la danse, la pirogue, la pêche… Et avec ces héritages, le Mana des mouvements fondamentaux. Il acquiert la cohabitation extérieure et intérieure, la polarité haut et bas, la coordination droite-gauche…. La subtilité des gestes et des éléments lui transmet la grâce, la beauté et la puissance, l’autorité. Adulte, le corps est habillé, tatoué, célébré par les couronnes de fleurs au cœur des différents rites communautaires.

Le corps maori est à la fois voluptueux et dense. Il se reconnait à travers les figures publiques maories les plus populaires… Les Miss Tahiti, les champions de surf ou de va’a, les guerriers du rugby, les danseurs titrés sont les porte-paroles de l’identité polynésienne et du corps habité par le Mana. Ils valorisent le bien-être, la santé, le sport, la nourriture équilibrée dans une configuration sociale où le corps est le plus souvent obèse.

danseur de 'ori tahiti

Tamau, Fa'arapu, Varu, Taparuru… Le 'Ori Tahiti, la danse polynésienne, hypnotise et libère. Pratiquer la danse tahitienne, c’est découvrir les mouvements puissants de son corps. Pratiquer la rame traditionnelle, le va’a ou encore, le surf a des effets similaires de renforcement et de libération des énergies primaires, celles situées dans notre ventre. Les mouvements de ces sports polynésiens ancrent fondamentalement à la Terre, ils utilisent beaucoup l’équilibre, les hanches, les mouvements des pieds et des bras. Ils accentuent l’alignement de notre colonne vertébrale symbolisant le prolongement de l’homme entre Terre et Ciel. 

Le Haka des All Blacks, le Ka mate est l’expression parfaite de cette force. Inspiré d’un poème, il dégage son pouvoir à travers les expressions du torse et du visage. Regarder une course de va’a, une compétition de surf, un concours de danse fait partie des plaisirs du voyage à Tahiti… Tentez l’expérience en vous initiant aux sports traditionnels pour ressentir le Mana de votre corps.

POISSON DANS UN FILET

Tāmā'a : Nourrir les corps

L’alimentation est la première gardienne de notre santé. Pendant des siècles, les Polynésiens se sont nourris de la nature. Le lagon est le « garde-manger » et il est riche en nutriments. Poisson, oursin, moule, bénitier… étaient accompagnés des fruits, des racines ou encore, du célèbre fruit de l’arbre à pain. L’alimentation est associée aux vertus de l’abondance, de la convivialité et de la quantité. Traditionnellement, le repas est un temps lent et partagé avec sa famille, ses proches ou des invités. A travers l’enseignement du Mana, les bases de l’alimentation détiennent un statut social et sacré.

plat tahitien

Le repas polynésien mélange subtilement cru et cuit, sucré et salé, mijoté et rôti. Le ma’a tahiti, le repas polynésien traditionnel allie différentes viandes, du poisson, des légumes, des fruits. Il est préparé au four traditionnel cuisant les aliments à l’étouffée. Le repas est composé de poisson cru, du thon cru mariné dans de l’eau de mer ; du poulet fāfā, du poulet mijoté dans du lait de coco et des feuilles ressemblant à des épinards ; des racines comme le taro, les patates douces ; la banane plantain ; du 'uru ou fruit de l’arbre à pain ; du pua’a chou, du chou avec du porc et plus rarement aujourd’hui, du pahua curry, de la chair de bénitier épicée. Le Mana est un art subtil entre assimiler et séparer, mélanger et différencier. Chaque aliment nous offre vibrations et propriétés nutritives.

Upo’o : Cultiver l’esprit

Le Mana est souvent associé au savoir. Une personne dotée de connaissances détient du Mana. Les connaissances, cela s’apprend. Pour s’initier au Mana, il est important de régulièrement nourrir son Upo’o qui pourrait se traduire par sa tête ou le chef d’un groupe. 

homme qui fait une activité manuelle traditionnelle

Cultiver son « Upo’o » fait à la fois travailler la plasticité de votre cerveau et la rapidité des connexions neuronales. La mémoire est un formidable atout pour exercer son Mana. Autrefois, les connaissances étaient transmises oralement et chacun avait la charge de les retenir. Deux exemples soulignent l’importance de cette mémorisation, celui de Tupaia et la pratique de récitation de la généalogie.

Ces deux pratiques génèrent le « Upo’o » avec la transmission orale des légendes. Les mythologies constituent un socle essentiel de la mémoire polynésienne. Très nombreuses et denses, elles éclairent la création de l’univers (légende Ta’aroa), l’appropriation du feu ou la naissance des îles (légende Maui) ou encore, le cycle de la vie et la résurrection ainsi que la fécondation (légende de Hina). Tous ces récits forment les connaissances primordiales à la société et à la transmission des règles communautaires. Elles forgent le ciment et les références communes participant au Mana et aux pratiques de la guérison polynésienne.

Tahu’a : Déployer l’expertise

Le Tahu’a est un mot en polynésien, ils sont appelés les « Tohunga » en néo-zélandais ou encore, les « Kahuna » hawaïens. Ils sont les porteurs des pratiques sacrées ou chamanisme polynésien.

Partir à la rencontre d’un Tahu’a est une expérience forte. Dans l’imaginaire polynésien, les Tahu’a ont disparu avec Tiurai, dernier grand guérisseur décédé au XIXème siècle.
Nuit étoilé à Bora Bora

C’est pourtant faux, de nombreux tradipraticiens vivent à Tahiti, ils ont différentes capacités. Vous pouvez trouver des guérisseurs pratiquant le massage, d’autres proposant les rā'au tahiti, d’autres enfin, ont des capacités pour ressentir les corps, libérer les esprits ou lire les âmes…

Une manière simple d’accéder aux rites traditionnels consiste à assister aux événements annuels incontournables comme le Umu tī. Cette marche sur le feu est un rite de purification impressionnant et puissant qui permet à l’individu qui le pratique de se nettoyer à l’arrivée de la saison sèche. Il est ainsi protégé pour cette période difficile de limitations des ressources naturelles. Autre tradition immanquable, la célébration du lever des Pléiades ou Matari'i i ni’a en novembre. Ce moment particulier honore l’ascension de Orion et le début de la saison d’abondance. La disparition des Pléiades en mai de chaque année annonce la disette et ouvre les festivités de Tiurai en prévision de la saison sèche.