
À Huahine, l’association A Ti’a Matairea agit pour les animaux et l’environnement
Sur les rivages sacrés de Huahine, ils veillent à la protection de l’environnement, au secours des animaux, et cultivent l’éveil de la jeunesse à la nature… L’association A Ti’a Matairea œuvre depuis 6 ans pour la biodiversité. Récompensée par le Trophée de la biodiversité 2024 pour son projet d’ancrage responsable des bateaux de plaisance, l’association multiplie les actions en faveur de la faune et de la flore polynésienne.
Air Tahiti Nui soutient particulièrement ses actions en faveur du bien-être animal au Fenua. En cette Journée mondiale des animaux, découvrez A Ti’a Matairea présentée par la présidente de l’association, Liz Clark :

Peux-tu me présenter votre association ?
« L’association s’appelle A Ti’a Matairea, ce qui signifie « Lève-toi pour ton île (Huahine) ». Matairea est l’ancien nom de Huahine.
L’association est née en 2019. Nous étions un petit groupe d’amis, constatant les problématiques de notre communauté. On voulait essayer de trouver des solutions. Nous sommes donc aujourd’hui 5 fondateurs de A Ti’a Matairea, toujours très actifs aujourd’hui dans les actions et l’organisation quotidienne de l’association. Chacun d’entre nous a un peu sa spécialité en fonction de ses centres d’intérêt profonds. C’est pourquoi nous avons plusieurs grands champs d’action :
- Le bien-être animal, qui concerne les animaux domestiques et sauvages.
- La protection de l’environnement.
- Et l’éducation de la jeunesse à la biodiversité. »

Vous agissez notamment pour les chiens à Huahine, peux-tu m’en dire plus ?
« L’un de nos grands projets, qui a débuté dès 2020, est notre action face au problème de la surpopulation de chiens à Huahine. Ici, de nombreux chiens et chiots sont abandonnés. Malheureusement, les foyers qui apprécient les animaux de compagnie en ont déjà beaucoup, et ne peuvent pas adopter plus de chiens.
On a donc eu l’idée de se tourner vers l’international. Étant moi-même Américaine et grâce à la communauté qui me suit sur les réseaux sociaux pour la navigation, nous avons trouvé des familles qui souhaitaient adopter ces chiots en Amérique.

C’est à cette occasion que nous avons reçu le soutien d’Air Tahiti Nui pour la première fois, pour lancer nos adoptions internationales : la compagnie nous a permis de faire voyager gratuitement nos deux premiers chiots adoptés aux États-Unis.
Depuis, nous avons fait plus de 40 adoptions internationales ! Mais pour limiter vraiment cette surpopulation, nous avons également fait une grande campagne de stérilisation. Nous avons porté ce projet durant plusieurs années devant le gouvernement, en mettant en avant les problématiques de souffrance animale, mais aussi les problèmes humains liés à ces chiens errants : les morsures, les problèmes entre voisins, les maladies transmises, etc. L’importance de la stérilisation des animaux n’est pas encore très connue ici, c’est un concept encore un peu nouveau, et c’est donc toute une action de sensibilisation qui est nécessaire.

Le gouvernement a compris cette importance et subventionne aujourd’hui nos actions de stérilisation des animaux. Nous avons également reçu une aide importante de la Fondation Brigitte Bardot.
On a donc mené une action rapide pour stériliser le plus d’animaux possible en un minimum de temps, car c’est la meilleure façon de réduire la population. L’année dernière, Air Tahiti Nui nous a donc aidés à faire venir des vétérinaires bénévoles en Polynésie dans le cadre de cette campagne de stérilisation.
On a finalement réussi à faire stériliser 1330 chiens et chats en un an sur Huahine. C’est une grande réussite. »

L’association a remporté le Trophée de la biodiversité 2024 pour votre projet d’ancrage des bateaux. Quel était ce projet ?
« Oui, on a constaté que de chaque année, de plus en plus de gens arrivent en Polynésie par bateau. Entre la barrière de corail et les patates de corail vivant dans le lagon, beaucoup de bateaux ne comprennent pas où mettre l’ancre sans abîmer le corail vivant.
Ça posait des problèmes avec les pêcheurs de l’île et les résidents, fatigués de voir les bateaux faire du mal à leur environnement. On a donc essayé de trouver un moyen d’indiquer aux visiteurs où aller : on a créé une carte de l’île présentant tous les endroits sans coraux où ils pouvaient se mettre en sécurité. On a travaillé avec le maire et les résidents, pour déterminer le nombre de voiliers maximum dans le lagon.
Avec très peu d’investissement, on a pu faire de petites réglementations et de la sensibilisation pour les visiteurs. Ça a été surtout un travail d’organisation pour faire avancer les choses petit à petit. Aujourd’hui, le problème est la question de la gérance du lagon et de savoir comment contrôler les bateaux. Mais pour l’instant, la sensibilisation a beaucoup aidé. »
Sur quelles autres problématiques agissez-vous au quotidien ?
« On a beaucoup de projets, nous sommes une équipe très dynamique. On s’occupe par exemple cette année de la petite fourmi de feu. C’est une espèce très envahissante arrivée à Huahine il y a quelques années. On sensibilise la population et on traite les endroits touchés pour limiter la propagation de la petite fourmi de feu.

On met aussi en place un projet pour l’agriculture : on cherche à transformer les produits locaux pour pouvoir fournir les écoles et privilégier l’alimentation locale plutôt que les produits en boîte importés et moins bons pour la santé.
Il est important d’apprendre à protéger l’environnement, et pour ça, il faut connaître la biodiversité locale. On fait donc des interventions scolaires et extra-scolaires pour les jeunes, pour leur parler de l’environnement, mais aussi de comment traiter ses animaux à la maison par exemple. »
Quel message voudrais-tu faire passer aujourd’hui ?
« En fait, personnellement, en tant que personne arrivée de l'étranger et mariée avec un Polynésien, je me sens chanceuse et je suis extrêmement heureuse de vivre ici. J’aime la Polynésie. Pour moi, ces actions sont ma façon de montrer mon amour, ma gratitude et ma reconnaissance pour le Fenua.
Je sais que ce n’est pas toujours facile pour tout le monde d’agir pour l’environnement et les animaux. On a assez à faire dans nos vies. C’est pour ça que je pense que la première chose à faire est de se demander comment inclure des petites actions dans le quotidien : comment on pourrait faire mieux pour l’environnement, nos animaux, les gens, tout ce qui nous entoure… tout est connecté. Et généralement, mieux on en fait, plus les gens qui nous entourent prennent exemple et s’inspirent de nos actions. Il faut donc commencer par nous-mêmes ».

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Crédit photos : A Ti’a Matairea