
Hell Ton John, messager d’un art polynésien sans frontières
Hell Ton John fait partie intégrante du programme ambassadeur de la compagnie Air Tahiti Nui pour 2025. Exposition à Los Angeles, foire d’art contemporain au Japon, l’artiste fait parler de lui au-delà de nos frontières. Il expose du 9 au 21 octobre à la galerie Winkler à Papeete. Interview.

Tahiti, le 9 octobre 2025
Parole à John Poileux alias Hell Ton Jon :
Qu’est-ce qui t’a amené à ce partenariat avec Air Tahiti Nui ?
« Depuis plusieurs années, j’ai ponctuellement collaboré avec Air Tahiti Nui sur différents projets. Fin 2024, j’ai été invité pour l’ouverture d’une nouvelle galerie à Los Angeles. Mais pour 2025, un nouveau cap a été franchi : je fais désormais pleinement partie du programme ambassadeur afin de bénéficier d’une vraie liberté de circulation et d’échanges avec cette galerie de Los Angeles, mais aussi avec d’autres destinations. J’avais rencontré la curatrice à Tahiti ; elle m’avait proposé d’exposer là-bas. J’avais donc dû transporter des pièces, et sans Air Tahiti Nui, je n’aurais jamais pu le faire. »

Comment définirais-tu ton art ?
« Mon travail est un mélange entre une esthétique polynésienne et une approche graffiti et art contemporain. Dans toutes mes pièces, on retrouve toujours une touche polynésienne.
Je suis heureux de pouvoir exporter une partie de la Polynésie, au sens large. La Californie est aussi le berceau de nombreuses marques de surf réputées, avec l’Australie : c’est le QG du surf aux États-Unis. Ils sont donc sensibles à cette thématique du surf et de l’océan qui me traverse. »

Et ton projet au Japon ?
« On a décidé d’y aller, avec un autre artiste local, Chronos, pour participer au Tokyo Art Fair, qui aura lieu fin novembre. C’est une foire d’art contemporain avec des stands achetés par des artistes ou des galeristes, et beaucoup de curateurs présents. Il existe beaucoup d’événements comme celui-ci dans le monde, dans les grandes villes : ce sont des pôles de rencontres et d’échanges, parfaits pour créer du réseau. On part grâce à la Direction de la culture, qui nous soutient, et à Air Tahiti Nui, qui m’accompagne sur ce déplacement. »

Ton île coup de cœur ?
« Difficile à dire ! J’adore les Tuamotu pour le surf, la pêche et le côté désertique des atolls. Les Australes, c’est magique aussi : l’abondance des fruits, des fleurs, des plantes, le mode de vie…J’ai fait les Marquises également : là, c’était un choc. On est dans un musée à ciel ouvert, avec une culture très forte. Je pense que tous les archipels ont leur charme, leur qualité, leur spécificité. Difficile de choisir. »

Comment décrirais-tu ta manière de créer ?
« Ma production est très variée. J’adore mixer les médiums et les approches créatives. Je travaille par phases : sculpture, peinture, sérigraphie, linogravure, fresques murales…Je n’arrive pas à faire la même chose toute l’année. Je change tous les mois ou deux, j’aime quand les projets sont variés, c’est ce qui caractérise mon travail. »
Tu fais partie des rares à vivre de ton art ?
« C’est vraiment aléatoire, parfois difficile. Je peux vendre deux ou trois peintures en deux mois, puis plus rien pendant six. Il faut apprendre à gérer son argent. Si je devais donner un conseil aux jeunes artistes, ce serait de se constituer une marge de sécurité pour assurer les charges du quotidien. Avoir quelques mois d’avance me permet de prendre le temps de créer. Les ventes sont rares. »
D’où cette volonté d’aller vers l’extérieur ?
« Oui et non. Les événements à l’étranger n’ont pas toujours été des succès financiers, mais humainement, c’est incroyable. J’ai rencontré plein d’artistes que j’admirais depuis des années, comme Dennis Jarvis, fondateur de Spyder Surfboards, ou Drew Brophy, qui travaillait pour Lost. Ils ont commenté mon travail ! C’est surtout une histoire de rencontres et de réseau : peut-être qu’un jour, l’un d’eux me proposera une expo. Ces connexions ouvrent des perspectives sur le long terme. Un grand merci à Air Tahiti Nui, à la Direction de la culture, à Hamani Lab à Tipaerui qui me permet de travailler à grande échelle, et aux hôtels Pearl Beach, avec qui je collabore toute l’année sur des projets incroyables. » SB/ATN


