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Teuraiterai Tupaia : Retour sur une performance historique

Teura Tupaia

Parole à Teuraiterai Tupaia :

Dans quel état mental et physique étais-tu avant cette compétition ?

« Lors des championnats de France hivernaux, j’ai fait une grosse contre-performance à 68 mètres, je ne savais plus trop où j’en étais. Physiquement, j’étais fort et souple et tout paraissait bien mais j’avais un blocage au niveau de la technique. Quand je lançais, je savais qu’il y avait un problème. La période de doute a duré dans le temps. Ma copine m’a dit ‘on va prendre du temps pour voir des amis pour que tu reprennes un peu une vie sociale’ car je m’étais complètement renfermé sur moi-même et sur l’objectif des Jeux olympiques. Alors j’ai décidé pendant tout le mois de mars d’accepter les invitations tout en m’entrainant et petit à petit j’ai commencé à sentir une évolution, les doutes ont commencé à se dissiper, j’étais de nouveau heureux de m’entraîner. Du positif dans ma vie personnelle a amené du positif dans ma vie de sportif. »

Teura Tupaia

Comment s’est déroulée la préparation physique avant cette compétition ?

« J’ai demandé à mon coach deux stages, un perso et un en groupe. J’ai eu aussi un kiné qui m’a parlé d’une méthode spécifique, j’ai dit oui, j’étais prêt à tout tenter pour arriver à mon objectif olympique. La semaine suivante, j’ai commencé à mieux lancer, ‘les trajectoires étaient plus belles’ m’a fait remarquer mon coach, du coup on a bossé que ça lors des stages ; les trajectoires et les courses d’élan. J’en ai bouffé lors des stages, j’ai enchaîné avec un pic de fatigue à cause de cela et j’ai pris alors une semaine de repos. Ensuite, à cause d’une gêne à l’épaule, j’ai décalé ma reprise d’une semaine en ne travaillant que la course d’élan, en décidant de tenter une nouvelle course d’élan. Le coach a apprécié et m’a demandé de continuer comme ça. La semaine précédant la compétition à Fontainebleau, on a constaté une réelle progression. Je me suis dit que si j’arrivais à allier cette course d’élan avec les trajectoires, j’allais performer à coup sûr. »

Teura Tupaia

Comment s’est déroulée la compétition ?

« Le matin de la compétition, je me suis répété, avec mon colocataire de chambre, ce soir, je fais le minima olympique. Je me suis dit si d’autres hommes ont pu le faire, pourquoi pas moi, ce sont des humains comme moi. Je me suis ensuite isolé, la compétition était à 20 heures. J’ai essayé de contrôler le stress en me concentrant sur l’envie. Je ne ressentais aucune douleur à l’épaule, mes jets à l’échauffement partaient à plus de 70 mètres, tout était réuni pour que je fasse une performance, 78 mètres ou plus. Sur mon premier essai, je pensais faire 80-82 mètres, mais j’ai mordu et je me suis énervé. J’ai reculé ma course d’un mètre en essayant en parallèle de maîtriser cette énergie que je ressentais en moi à cause de cet essai raté. Lors du deuxième essai, j’ai vu le javelot bien partir et avant même qu’il ne touche le sol, j’étais déjà fou de joie, je savais qu’il y avait une grosse perf. Je savais que je tenais le record de France mais le minima olympique avec 86,11 mètres, c’était la cerise sur le gâteau. »

Teura Tupaia

Qu’as-tu ressenti à ce moment-là ?

« Cela a été l’euphorie pendant tout le concours, je n’ai pas réussi à redescendre de toute la nuit, je n’en ai pas dormi en repensant à toutes les blessures, les galères que j’ai eues ces deux dernières années, cela a été super dur de revenir à ce niveau-là. Faire ça dès ma compétition de reprise officielle, c’était juste extraordinaire. Après avoir remercié tout le monde, mes coachs, les officiels, les athlètes, j’ai voulu confirmer ma performance et faire un troisième essai, je ne voulais pas que les gens pensent que c’était un jet de chance. Même si j’étais sorti mentalement de la compétition tellement j’étais euphorique, j’ai lancé quand même à 82,11m. Je me suis dit elle est là ma vraie valeur, enfin, après tant d’années de difficultés et de doutes, le travail a fini par payer. J’ai ressenti une délivrance. »

Teura Tupaia

Le reste du programme ?

« Je vais enchaîner avec le championnat d’Europe du 7 au 12 juin puis les championnats de France fin juin, ensuite le meeting de Paris si j’y arrive et derrière je participerai aux Jeux olympiques. Je ne veux pas risquer de me blesser en courant derrière plus de compétitions, mon objectif est d’aller le plus loin possible lors de ces Jeux. Si je peux aller en finale, j’irai en finale, si je peux monter sur le podium, je monterai sur le podium. Tout le monde aura sa chance, là je suis 5ème mondial mais un rang mondial ne veut rien dire lors d’une compétition, tout peut basculer, le 12ème ou le 20ème peut gagner les JO, il suffit d’un seul jet pour que tout change. J’ai battu mon record de six mètres, quelqu’un d’autre peut aussi le faire. Je ne me positionne sur rien du tout mais je ne me fixe aucune limite. »

Un dernier mot, un remerciement ?

« Merci à tous ceux qui ont toujours cru en moi, mon oncle Léo Brinckfieldt qui m’a toujours soutenu et encouragé, mon coach Jack Danail qui est là depuis 5 ans maintenant, il a toujours cru en la possibilité de faire ces Jeux. Merci à mon staff, mon préparateur physique Romain Katchavenda, mon ostéopathe Jean-Marie Profault, mon préparateur mental Yannick Tolle, mon club de l’Entente de Haute Alsace, ma région Grand Est qui m’a soutenu financièrement. Merci à tous ceux qui ont participé directement ou indirectement à ma préparation. Merci à tous ceux qui ont contribué à ma cagnotte et qui ont donc contribué à ma mission olympique. Merci à mon sponsor Air Tahiti Nui qui me soutient et qui croit en moi depuis 2016 et merci à la fédération tahitienne d’athlétisme qui m’a soutenu financièrement, qui m’a encouragé. J’espère pouvoir progresser en termes de sponsoring grâce à ce record de France et cette 5ème meilleure performance mondiale, on verra bien. » SB/ATN

La cagnotte de Teura Tupaia est toujours accessible ICI.