A Tauturu Ia Na de Papara en Nouvelle-Zélande : un soutien essentiel pour les malades en EVASAN
L’association A Tauturu Ia Na de Papara accompagne les patients en situation d’évacuation sanitaire (EVASAN) et leurs proches. Son objectif : leur apporter un soutien moral pour les aider à surmonter l’épreuve d’une hospitalisation loin de chez eux.
L’association a rouvert son antenne néo-zélandaise à la fin de l’année 2023 avec le soutien d’Air Tahiti Nui. Sa consœur, A Tauturu Ia Na Paris, est déjà présente depuis plus de 25 ans en métropole.
Guidée par un chaleureux esprit de communauté et des valeurs de générosité et de partage chères à notre culture polynésienne, l’équipe de bénévoles de A Tauturu Ia Na de Papara – Nouvelle-Zélande a accompagné l’année dernière près de 80 malades en EVASAN et près de 200 accompagnateurs.
Nous sommes allés à la rencontre de Tehina PUARIITAHI, président de l’association A Tauturu Ia Na de Papara :
Peux-tu nous présenter l’association A Tauturu Ia Na de Papara - Nouvelle-Zélande et sa mission principale ?
« L’association A Tauturu Ia Na de Papara a pour but d’accompagner moralement les personnes malades qui sont en situation d’EVASAN (évacuation sanitaire) pour la Nouvelle-Zélande. Elle est composée de bénévoles. On est aujourd’hui toujours en cours de restructuration après avoir récupéré l’antenne Nouvelle-Zélande en 2023, suite à sa fermeture en 2015.
Nous sommes là avant tout pour apporter un soutien moral aux personnes qui doivent quitter Tahiti. Notre objectif principal n’est pas d’apporter de l’aide financière, mais il nous arrive de proposer de l’aide matérielle dans certaines situations. On apprend vraiment à faire un accompagnement spécifique et adapté selon les cas, qui sont très variés. »
Comment se passe votre accompagnement pour les malades en EVASAN ?
« Dès que l’EVASAN est confirmée par la CPS, certains malades viennent s’identifier auprès de nous : nous donner leur date de départ en Nouvelle-Zélande et signaler le type d’intervention (opération ou PET scan généralement). Pour ceux qui n’ont pas pu venir nous rendre visite, pas de souci ! Les hôpitaux sur place leur feront remplir un document d’autorisation permettant à nos référents en Nouvelle-Zélande de venir leur rendre visite.
Après avoir obtenu cet accord, notre référent et son équipe peuvent aller à la rencontre des malades, apporter ce soutien moral et déterminer aussi quels sont leurs besoins.
Cette année, l’hôpital des grands brûlés a commencé à réaccueillir nos Polynésiens, ce qui nous oblige à adapter notre façon de faire avec ce public.
Parfois, nous les aidons à se procurer du matériel ou des vêtements. Souvent, ce sont des personnes à faibles revenus, ou des personnes qui n’ont pas pu bien se préparer avant le départ, et qui ont par exemple besoin de matériel d’hygiène ou de tenues chaudes pour le climat néo-zélandais assez frais, même en été. On dit aussi à tous ceux qui se font opérer du cœur d’amener des vêtements et chaussures de sport, obligatoires pour la rééducation après l’opération. On apporte ce complément en cas de besoin lorsque les malades n’ont pas tout le nécessaire.
Pour ceux qui sont en long séjour, on met aussi en place des activités pédagogiques et on fait des sorties (zoo, aquarium, parcs, etc.). Cette année, nous allons également mettre en place un accompagnement spirituel et des interventions culturelles.
Le Polynésien étant très croyant, il nous arrive lors des visites des malades à l’hôpital de faire une petite prière d’encouragement avec eux et ils sont très contents. Certaines personnes demandent même à avoir une prière tous les jours ! Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à cette demande, car le bénévolat a également ses inconvénients et nos collaborateurs doivent retourner à leurs occupations professionnelles et familiales.
On essaye d’accompagner les gens le mieux possible, et même si ce n’est pas notre mission principale, il peut parfois arriver dans des cas exceptionnels qu’on aide les familles (accompagnateurs) avec l’aspect administratif. Il faut savoir que sur le territoire néo-zélandais, les accompagnateurs doivent avoir un agrément pour pouvoir rester un certain temps. Les personnes que nous suivons ont donc parfois des problèmes de visa et nous les aidons dans leurs démarches auprès du service d’immigration sur place pour qu’ils puissent rester plus longtemps. »
[À noter : Les frais d’hospitalisation, les transports, l’hébergement et les repas sont pris en charge par la CPS pour les malades et leurs accompagnateurs agréés. Il est donc important d’obtenir l’agrément de la CPS pour pouvoir accompagner plus sereinement les malades tout au long de leur prise en charge dans les Hôpitaux d’Auckland. L’association ne peut garantir un hébergement ni répondre à tous les besoins des accompagnateurs non agréés.]
Quelles sont les prochaines étapes pour l’association ?
« L’année prochaine, on va développer un programme pédagogique de « partage de cultures » au sein du Triangle polynésien avec des intervenants culturels des Îles Cook, Samoa et Tonga. Entre les malades tahitiens et les intervenants des Îles Cook par exemple, la barrière de la langue sera moins importante, permettant un échange intéressant et plus facile. Ce seront des ateliers en groupe, avec des activités culinaires ou manuelles par exemple.
Sur un autre sujet, nous essayons aussi d’instaurer un programme pédagogique sur la langue anglaise. Nous réfléchissons à la manière dont on va le mettre en place, parce qu’il y a aussi des enfants scolarisés qui arrivent en Nouvelle-Zélande en EVASAN. Nous sommes en discussions auprès des instances pour appliquer tout ça et donner une vraie approche éducative aux sorties qu’on organise avec les patients.
Nous souhaitons également mettre en place des journées internationales, telles que la Journée des enfants (droits de l’enfant), la Journée des femmes, etc.
Nous devons aussi réfléchir à la manière d’accompagner un nouveau public, car cette année, nous avons été sollicités par des Polynésiens qui se trouvaient en vacances en Nouvelle-Zélande, ou qui y étaient pour diverses raisons, et qui ont été hospitalisés hors cadre de l’EVASAN. »
Peux-tu nous parler de votre partenariat avec Air Tahiti Nui ?
« Nous avons commencé ce partenariat avec Air Tahiti Nui en 2023, au moment où nous avons relancé la branche néo-zélandaise de l’association. Nous n’avions plus personne sur place depuis la fermeture de cette branche en 2015. Mais suite à l’appel d’un malade en détresse en Nouvelle-Zélande, nous avons voulu rouvrir une antenne là-bas afin d’être présents pour les malades. Air Tahiti Nui nous a permis de nous rendre en Nouvelle-Zélande, la trésorière et moi, pour tâter le terrain. Grâce à ce partenariat, nous avons pu démarrer le projet : rencontrer et recruter notre référente, Tehani, et ses parents, ainsi que les différents acteurs, comme les hôpitaux et l’hôtel. On a donc pu poser les premières fondations.
En parallèle, nous avions cette année-là un grand séminaire de nos associations. Air Tahiti Nui nous a aussi accompagnés sur ce projet pour permettre à un représentant de l’association de Paris de venir assister au séminaire sur place.
Notre partenariat avec Air Tahiti Nui continue depuis, et nous permet de mener différents projets ou interventions, et de participer à des événements qui permettent de nous développer et de mettre de nouvelles actions en place. »
L’association est aussi régulièrement présente sur des événements à Tahiti ?
« Oui, on a participé dernièrement à des événements pour Octobre Rose ou la Journée des patients et des aidants autour du Cancer. En fait, nous avons scindé les équipes en deux : la mission principale de toutes les équipes qui sont sur Tahiti est la sensibilisation, la prévention et l’accueil, et les équipes en Nouvelle-Zélande s’occupent du volet opérationnel.
À Tahiti, on intervient lors des journées de sensibilisation et de prévention pour que les familles se préparent mieux, et qu’elles soient sensibilisées aux problèmes qui peuvent arriver. On a vraiment une approche pédagogique et éducative. Quand on part en EVASAN, il y a toute une préparation et une ligne de conduite à tenir. C’est donc important d’être bien informé avant de partir.
Bien sûr, on ne peut pas toujours prévoir. Par exemple, les personnes âgées ou les personnes qui subissent une évacuation en urgence ont plus de difficultés. Imaginez que quelqu’un tombe aux Tuamotu, et se réveille plus tard à Auckland. C’est perturbant, et comme ils n’ont pas eu le temps de se préparer, ils n’ont pas tout ce qu’il faut sur place. »
Quel message aimerais-tu faire passer aujourd’hui ?
« Une EVASAN bien préparée, c’est un envol en toute sécurité »
« J’aimerais que les personnes qui partent en EVASAN sachent comment bien se préparer avant de partir et sensibiliser les accompagnateurs non agréés afin qu’ils ne prennent pas de risques. Contactez-nous pour mieux vous accompagner lors de votre préparation. »
Retrouver l’association A Tauturu Ia Na de Papara
Consultez le compte Facebook A Tauturu Ia Na de Papara – Nouvelle-Zélande pour plus d’informations et pour suivre l’actualité de l’association.
Afin de préparer votre EVASAN ou celle de vos proches, vous pouvez également vous rendre à la Maison pour tous de Papara ou contacter directement les bénévoles à l’un des numéros suivants :
- 40 41 00 03
- 89 40 33 01
- 89 40 33 00
Crédit photos : A Tauturu Ia Na de Papara