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SOP Manu : protecteurs des oiseaux endémiques du Fenua

L’association Manu, Société d’Ornithologie de Polynésie (SOP), soutenue par Air Tahiti Nui, œuvre pour la protection et la conservation des oiseaux de Polynésie française, notamment les espèces menacées, comme le Monarque de Tahiti, le Puffin ou le Ptilope de Hutton.

Parmi les 31 espèces d’oiseaux endémiques au Fenua, 22 sont menacées et 10 en danger critique d’extinction. Un constat alarmant, causé notamment par les espèces invasives et la dégradation de l’habitat naturel des oiseaux. L’association travaille depuis 35 ans à la restauration de ces espèces et à la protection de l’écosystème de Tahiti Et Ses Îles. 

Thomas Ghestemme, Directeur Général de l’association, nous en parle : 

ptilope de Hutton : oiseau endémique

Peux-tu nous présenter l’association SOP Manu et sa mission principale ? 

« L’association MANU est la Société d’Ornithologie de Polynésie, mais on parle généralement simplement de l’association « Manu » qui veut dire oiseau en tahitien. Depuis 1990, notre mission est de protéger les oiseaux et leurs habitats pour que les générations futures puissent en profiter. 

Nous voulons en priorité éviter l’extinction des espèces d’oiseaux en Polynésie. Il y a déjà eu plus de 50 espèces disparues en Polynésie française. 

Il y a aujourd’hui 31 espèces d’oiseaux endémiques qui n’existent qu’en Polynésie. Malheureusement, 22 d’entre elles sont menacées, dont 10 en danger critique d’extinction. Les espèces en danger critique peuvent compter 1000 ou 500 individus, mais d’autres comptent seulement 16 individus au monde ! C’est donc un travail assez conséquent.

L'équipe SOP Manu

Évidemment, on se concentre avant tout sur les espèces les plus menacées. On fait tout ce qui est possible pour comprendre les menaces auxquelles elles font face, chercher des solutions, et agir pour protéger ces espèces. »  

 

Quelles sont vos actions principales ? 

« Parmi les menaces principales pour les oiseaux, on a notamment la malaria des oiseaux, ou encore les espèces envahissantes, comme les rats. On a fait donc par exemple de grosses opérations de dératisation sur les îles. On travaille notamment avec la Nouvelle-Zélande, qui est pionnière en matière de restauration des îles. Leur expertise a vraiment permis d’aider les oiseaux en Polynésie. 

L'équipe SOP Manu en restauration d'habitat

On a ensuite des opérations qui consistent à réintroduire des espèces disparues sur certaines îles, ou à introduire des espèces menacées sur de nouvelles îles où la menace n’est pas présente. C’est une solution complexe à mettre en place, mais durable, parce qu’une fois que les oiseaux s’y trouvent bien, ils se reproduisent plus facilement. 

L’association fait aussi bien sûr beaucoup de restauration des habitats naturels, car ils sont dans un état assez critique : 300 espèces végétales sont menacées en Polynésie, et il reste peu des habitats présents originellement. Les sommets des montagnes sont les mieux préservés, mais malheureusement, en Polynésie, presque tout est dégradé par les espèces végétales envahissantes. »

Vous avez aussi un programme de sauvetage d’oiseaux marins ? 

« Oui, généralement c’est le pétrel de Tahiti qui s’échoue à cause des lumières la nuit. Les jeunes oiseaux, la première fois qu’ils s’envolent, survolent les villes et s’échouent sur terre, car ils sont désorientés par les lumières. En Polynésie, chaque année, on trouve 300 à 400 pétrels échoués signalés par la population. 

Face à tous ces signalements, on a donc ouvert un centre de soins pour oiseaux, pour une prise en charge des soins dans de meilleures conditions, avec un vétérinaire spécialisé. »

 

Vous avez trouvé un oiseau marin en difficulté à Tahiti ou dans les îles ? Contactez SOS Pétrels au (+689) 87 22 27 99

Monarque de Tahiti : oiseau endémique

Quelles sont les prochaines étapes pour l’association Manu ? 

« On arrive sur des projets ambitieux de restauration d’îles plus grosses pour réintégrer des oiseaux. Par exemple, grâce à ce type d’actions, le Monarque de Tahiti est une espèce qui comptait 19 individus en 1998, et on en est aujourd’hui à 160. L’idée est de continuer sur cette lancée. 

Nous avons aussi pour objectif de développer notre volet sensibilisation. Nous aimerions par exemple impliquer et sensibiliser les enfants pour sensibiliser ensuite les adultes. Notre objectif est d’impliquer davantage les communautés locales, en les formant et les professionnalisant, surtout dans les îles. 

SOP Manu en lutte contre la petite fourmi de feu

L’idée est que les habitants des îles s’occupent eux-mêmes des oiseaux, avec des associations ou des personnes référentes sur place. Depuis une quinzaine d’années, nous soutenons beaucoup d’associations basées dans les îles. 

Nos actions offrent beaucoup de bénéfices pour les gens, les communautés et l’écosystème en général. Beaucoup d’études montrent que, si on restaure une île avec des oiseaux marins, les grandes colonies d’oiseaux vont produire du guano qui va nourrir le corail, et donc permettre de développer les populations de poissons. La croissance des coraux est en effet quatre fois plus importante, et la population de poissons deux fois supérieure quand une colonie d’oiseaux marins se trouve à proximité !

Ce travail est donc important pour les pêcheurs, mais aussi pour la coprahculture car la récolte des cocos est extrêmement impactée par le rat. Nos actions de dératisation sont donc très utiles aussi pour la population. 

Ce qui est bénéfique pour les oiseaux l’est aussi pour les îles et pour leurs habitants ! »

 

Comment protéger les oiseaux des changements climatiques ?

Il y aura toujours des menaces qu’on ne pourra pas maitriser complètement, comme la petite fourmi de feu par exemple. C’est une espèce très envahissante qui est aux portes des vallées et qu’on ne peut pas supprimer entièrement.

SOP Manu : ptilope de Hutton

Les cyclones et les changements climatiques (sécheresses, inondations, intempéries accrues, etc.) sont aussi une menace qui va être de plus en plus fréquente, et qu’il faut prendre en compte en travaillant sur la résilience des espèces et des habitats. Il faut vraiment se préparer aux changements climatiques : plus on aura d’espèces nombreuses, résistantes, avec de bons effectifs et dans un habitat résistant, plus nos oiseaux résisteront eux aussi aux menaces. 

En plus de la restauration des habitats et du renforcement de la résilience des espèces, on fait aussi de la translocation, c’est-à-dire qu’on met des populations de sécurité sur d’autres îles. »

Comment chacun peut-il agir pour les oiseaux du Fenua ?

« Le premier conseil que je donnerais est de ne pas relâcher ses chats et de les faire stériliser. C’est l’une des menaces importantes pour les oiseaux en Polynésie. Attention également, lors de vos déplacements entre les îles, de ne pas transporter des espèces envahissantes comme la petite fourmi de feu, ou les rats… Chacun doit faire attention à son impact sur l’environnement, être conscient des dangers et consciencieux dans ses gestes. 

La lutte est difficile, mais éviter de propager les menaces est déjà la première chose à faire. La Terre ne nous appartient pas, les oiseaux et les plantes, eux, sont là depuis plusieurs millions d’années. Nous devons donc y faire attention. À Tahiti, il y avait trois espèces de perroquets et beaucoup d’espèces magnifiques et diverses. De nos jours, il reste quelques oiseaux endémiques dans les vallées, mais il est difficile d’inciter les gens à les protéger parce que personne ne les voit. 

Notre objectif est donc de faire connaître ces espèces, pour que chacun puisse les aimer et les protéger. J’invite donc tout le monde à suivre notre association pour en apprendre plus sur les oiseaux et pour nous soutenir dans nos actions. »

 

Un dernier mot ? 

« Je voulais remercier Air Tahiti Nui pour son soutien, on est fiers de les compter parmi nos partenaires. Nous avons commencé à collaborer ensemble récemment, et ce soutien nous permet de faciliter certains déplacements à l'international. »

SOP Manu : monarque de Tahiti

Faire un don à l’association Manu SOP

Pour découvrir toutes les espèces d’oiseaux des archipels de Polynésie française, retrouver l’actualité de la Société d’Ornithologie de Polynésie MANU ou faire un don, rendez-vous sur le site Manu SOP

 

Chaque don aide à la sauvegarde de l’écosystème de notre Fenua. Merci pour votre soutien !

Crédit photos : 

SOP-MANU

Photos monarques : B. Ignace

Photos ptilope de Hutton : R. Luta