Quels sont les habitudes de vie à Tahiti ?
Les coutumes rassemblent les usages du quotidien, une façon d’être et de faire, basée sur les traditions et la faculté de s’adapter aux nouveautés. En Polynésie, nous avons une façon bien particulière de vivre, pas seulement dans notre mode vestimentaire, nos tatouages, l’omniprésence de notre art dans le quotidien. Vous aurez l’occasion de la découvrir lors de votre voyage. Aussi, laissez-moi vous présenter la semaine habituelle d’une famille polynésienne.
Une journée qui débute à l’aube
A Tahiti comme dans toutes les îles, on se lève tôt, c’est une tradition. Pas vraiment au chant du coq, qui ne salue pas le soleil du matin, mais chante toute la nuit au moindre bruit suspect.
Entre 4 et 5h, avant les premiers rayons, le petit-déjeuner est déjà servi dans les fare polynésiens (maisons). C’est un moment important et les magasins des îles polynésiennes se font dévaliser en moins d’une heure de toutes leurs baguettes de pain.
Une journée au travail
Le réseau routier de Tahiti est vite engorgé par près de 100 000 personnes de l’île, depuis la Presqu’île, Papara, Hitia’a ou Papenoo, communes plutôt rurales ou résidentielles. Leurs habitants se dirigent vers Papeete et les communes limitrophes (Arue, Pirae, Faa’a et Punaauia).
Les horaires d’école sont calés, pour la plupart, sur ceux du bureau : 7h30-11h30 – 13h-15h30, du lundi au vendredi.
Déjà l’appel de la mer
Le midi, les restaurants et snacks se remplissent vite – les roulottes n’ouvrent que le soir pour la grande majorité. En centre-ville ou en bord de mer, on déguste un ahi poké, un poisson cru au lait de coco ou grillé. Sandwichs américains, pizzas et burgers ont leur succès, comme partout dans le monde – la mondialisation a aussi pénétré nos îles. Certains mangent sur le pouce : vous les voyez courir vers le front de mer, une rame en main. Ce sont les passionnés de va’a qui profitent de la pause de la mi-journée pour s'entraîner. Hop, une douche et l’après-midi au travail est encore plus productif.
La fin de semaine, c’est sacré
La fin d’après-midi est rythmée par le retour à la maison, quelques courses, un tour au fa’a’apu (potager). Les devoirs des plus jeunes terminés, on passe à table. La nuit tombe vite, dans les îles de Polynésie française : 19h au plus tard en été (décembre), 17h30 en hiver (juillet). Et comme il faut se lever avant l’aube, les soirées sont assez courtes aussi : un œil sur le ve’a (journal télévisé local) et les paupières déjà lourdes se ferment pour quelques heures de repos.
La semaine passe ainsi, dans ce rythme du bureau et de l’école. Mais le vendredi à midi, comme une tradition officieuse mais ancrée, on sent comme un relâchement généralisé. On prend un peu plus de temps au restaurant, on porte plus attention à ses courses, on récupère ses commandes : le week-end se prépare.
Amis, famille, repos, soirées
Le vendredi soir est sacré en Polynésie française, dans toutes les îles. Apéritifs, dîners, soirées, on reçoit, on sort, ou on se repose. Dans ce cas, la tenue préférée des Polynésiennes est le pareu (paréo) noué en robe. Les tāne (hommes) de leur côté restent torse nu, avec un long short de bain, souvent bariolé et logoté d’une marque locale. Cette tenue sera adoptée pour tout le week-end.
Le samedi, le lagon est roi. On prépare les glacières, les paddle, jet skis, bateaux pour ceux qui en ont, la crème solaire respectueuse des coraux, les boissons fraîches et on part, à la plage, sur le platier ou en embouchure de rivière.
Sport, danse, activités culturelles
C’est aussi une journée sportive. Si le foot a le même succès que partout dans le monde, c’est surtout le va’a qui l’emporte. La pratique de cette pirogue sportive à balancier (ama), effilée mais dessinée à partir de la pirogue traditionnelle, est le sport roi à Tahiti, ainsi que dans toutes les îles de Polynésie. Plus qu’un sport, il fait partie de la culture polynésienne. En individuel (V1 ou va’a hō'ē), par trois (V3 ou va’a toru), six (V6 ou va’a ono) ou douze rameurs (V6 double ou va’a tau’ati), le va’a rassemble les familles, les amis, les entreprises dans des courses festives ou des compétitions recherchées toute l’année. La plus célèbre course annuelle est la Havaiki Nui, vers la Toussaint, qui relie Huahine puis Raiatea-Taha’a à Bora Bora. L’arrivée dans le lagon de la Perle du Pacifique est spectaculaire.
De nombreux groupes de danse travaillent leurs chorégraphies. Aussi prisé que le va’a, un très grand nombre de Polynésiens pratiquent la danse traditionnelle, le ’ori Tahiti, qui fait aussi partie de la culture. Les meilleurs pourront se produire en juillet lors de la grande fête du Heiva.
La religion reste importante
Le dimanche est un jour de repos, de prière ou de grandes fêtes. Les Polynésiens sont restés très religieux. Convertis par les missionnaires anglais protestants au début du XIXe siècle, puis par les missionnaires français catholiques (après 1840 surtout), deux fortes communautés cohabitent, qui se retrouvent à l’église ou au temple. De leur côté, Mormons, Sanito, Évangélistes, Témoins de Jéhovah et autres églises rassemblent aussi de nombreux fidèles.
Partage de moments en famille
Le dimanche est bien sûr le jour du ma’a Tahiti, préparé en famille par les mamas, un quartier, une paroisse, l’équipe d’un hôtel ou d’un restaurant parfois. Le four enterré adapté aux aliments que l’on souhaite cuire à l’étouffée aura été préparé la veille. Dès le matin tôt, les aliments dans leurs feuilles auront été cuits.
L’ouverture du four est un grand moment de partage et de gourmandise. S’ensuit un tāmā’ara'a (grand repas) qui durera jusqu’au soir.
Le crépuscule s’empare des vallées, tandis que les sommets pourtant verts des montagnes s’embrasent sous le soleil couchant. On prépare ses affaires du lendemain. Il faudra se lever tôt.
La semaine va être intense, mais nous nous endormons heureux : vendredi prochain, nous passons le week-end sur l’île sœur, Moorea. Une autre belle histoire à vous raconter.